À l’occasion de notre 10e anniversaire, nous avons mené une étude sur l’évolution de la rémunération des intermittents et intermittentes depuis 10 ans. Cette rétrospective nous a permis d’échanger avec des expert·es du secteur culturel.
Aujourd’hui, rendez-vous avec Valérie Kebe, responsable du Service de Gestion Sociale chez Movinmotion, pour comprendre sa vision concernant les équilibres en termes de rémunération, convention collective et parité dans le secteur culturel.
Comment expliquer la distinction de la production audiovisuelle au sein de cette étude, par rapport aux secteurs (salaire, effectif, etc…) ?
Les conventions collectives sont établies par négociation et fixent les grilles des minima de rémunération, mais elles ne sont pas toutes égales sur le sujet. Il y a certaines conventions qui sont vraiment très efficaces au niveau des droits des salariés. Quand les minima n’ont pas été révisés et qu’ils tombent sous le smic, c’est le smic qui s’applique. Ainsi, la fréquence des négociations est clé.
On peut aussi envisager que l’émergence des plateformes de contenu a eu un rôle fort sur l’accélération du secteur. Nous n’avons jamais autant produit, et malgré des conditions de tournage altérées, les productions ont continué pendant la pandémie.
Un autre élément rassurant sur les chiffres présentés, c’est la croissance de l’effectif sur le secteur. Il y a eu une crainte lors de l’arrivée du statut d’auto-entrepreneur, et visiblement, le régime intermittent a su se protéger.
Comment peut-on expliquer les différences de rémunération entre les artistes et techniciens ?
On pourrait avoir plusieurs hypothèses. L’une d’entre elles est que, contrairement aux techniciens, les artistes peuvent bénéficier de revenus complémentaires liés à leur activité. Leur rémunération en tant qu’intermittent n’offre qu’une vision partielle de leur revenu dans de nombreux cas.
Côté techniciens, les besoins en compétences spécifiques et le besoin d’actualisation des connaissances peuvent tirer les salaires vers le haut.
À propos des effectifs, il faudrait regarder du côté des aides à la création qui se sont beaucoup développées. Ça permettrait d’expliquer l’augmentation de l’effectif des artistes.
Comment a évolué l’équilibre homme/femme depuis quelques années ?
Dans le spectacle vivant subventionné, on observe que certains postes à responsabilité (administration de production notamment) sont fréquemment occupés par des femmes. Il pourrait s’agir d’une des raisons de la rémunération supérieure des femmes sur cette convention.
Et pour les plus curieux·ses, retrouvez notre étude intégrale sur l’évolution de la rémunération des intermittents ici.
Envie de lire d’autres témoignages ?
La Fesac n’est pas la seule experte à être intervenue sur cette étude ! Vous aimerez autant découvrir les témoignages du Synpase, de la Ficam et de Movinmotion sur l’évolution de la rémunération des intermittents et intermittentes ces dix dernières années. Promis, ça vaut le coup !
