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Témoignage : Accès Culture ou le spectacle vivant pour tous

Auteur de l’article
Emeline, Chargée de communication et marketing

Il y a quelques jours nous sommes allés à la rencontre d’Accès Culture au Théâtre Chaillot, pour discuter de leurs projets, de leurs valeurs et des actions qu’ils mènent auprès des théâtres et opéras de la France entière et ainsi rendre la culture accessible à tous.
Retour sur une initiative pas comme les autres.

Nous avons discuté avec Priscillia (Responsable Communication) et Joana (Chargée d’administration), qui ont eu la gentillesse de répondre à nos questions.

Peux-tu nous parler d’Accès Culture ? Quelles sont vos missions, vos valeurs, vos projets, vos ambitions ?

Priscillia : Accès culture est une association qui travaille sur l’accessibilité du spectacle vivant, pour les personnes aveugles, sourdes et malentendantes. On met donc en place différents services d’accessibilité pour ce public. Aujourd’hui, nous sommes en lien avec environ 70 théâtres et opéras partout en France.
L’association est née dans le Théâtre Chaillot (photo ci-dessous) en 1990, en même temps que la création de l’audiodescription pour le cinéma. Ce phénomène d’origine américaine, est apparu en France grâce à deux personnes qui ont fait une formation aux Etats-Unis. En revenant en France, ces deux personnes ont développé l’audiodescription pour le cinéma.

chaillot

Frédéric Le Du (Directeur d’Accès Culture), était alors assistant metteur en scène de Jérôme Savary qui était à l’époque le directeur du Théâtre Chaillot. Frédéric a lu un article de l’association AVH qui n’est autre que l’Association de Valentin Haüy et il s’est dit qu’avec ses compétences de metteur en scène, il pouvait faire des notes d’audiodescription mais adapté au théâtre. C’est ainsi que l’adaptation au théâtre s’est développée en France.
 

Êtes-vous la seule association en France à faire ces adaptations ?

P : Oui et non, il n’y a pas d’autre « grosse association » mais il y a pas mal d’indépendants qui travaillent en région. Il y a aussi un autre dispositif : les souffleurs d’image par le CRTH (Centre de Recherche Théâtre Handicap), où des élèves en école de théâtre viennent souffler à l’oreille d’une personne aveugle, mais ces élèves n’ont pas vu la pièce avant, elles n’ont pas eu accès au texte, c’est donc un autre travail d’adaptation. C’est une sorte d’ami amélioré qui vient souffler à l’oreille, mais c’est un dispositif complémentaire du notre, puisque dans le notre, il peut y avoir jusqu’à 30 personnes et un souffleur d’image c’est bien pour une ou deux personnes.

Dans un spectacle quelles sont les différentes techniques d’adaptation en fonction des publics ?

P : Ce qu’on fait nous au sein de l’association se décompose en 3 aspects :

  • L’audiodescription

L’audiodescription, pour les personnes aveugles et mal voyantes, c’est un dispositif qui permet d’entendre via un casque toutes les descriptions visuelles de ce qui se passe sur scène, donc ça va être les changements de décors, les changements de costume, les entrées et les sorties des comédiens, leurs attitudes, tous les éléments qui vont leur permettre de comprendre la pièce. Ils utilisent un casque semi-ouvert donc ils entendent aussi le jeu des comédiens et nous on leur donne juste les indications visuelles.
Tout ce processus est réalisé par un audiodescripteur, qui va voir la pièce en amont et travaille à partir d’une captation vidéo pour écrire sa description. Contrairement au cinéma où le film est hyper timé, le spectacle vivant ne se joue jamais de la même manière donc on est obligé d’avoir un régisseur qui va placer les phrases descriptives qu’on appelle les effets,au bon moment, le soir de la représentation. Tout est enregistré en amont, on ne fait pas de direct pour garder une qualité de voix, car le problème avec le direct est que la voix peut avoir des variations en fonction de l’état de fatigue, si l’orateur est malade, etc. Pour l’audio-description, nous faisons attention à avoir 50% de voix féminine et 50% de voix masculine sur la partie description, et on change au changement d’acte pour marquer les actes et pour garder l’attrait du spectateur. La tonalité doit être neutre, car la description n’a pas pour but de donner une interprétation, c’est au spectateur d’imaginer sa propre pièce.
Pour l’opéra tu as aussi la partition d’opéra. Quand c’est de l’opéra, les régisseurs suivent la musique pour placer les effets au bon moment.
Pour te donner une idée de grandeur, le théâtre possède entre 200 et 500 effets, et pour l’opéra tu peux en avoir jusqu’à 2000. Ça se complexifie car tu as le livret d’opéra (tout ce qui apparaît en surtitrage pour les voyants, c’est tous les chants en langue étrangère traduits en Français par exemple) qui est également dans les casques. L’idéal dans les années à venir ce serait d’avoir deux pistes différentes où les aveugles pourraient choisir la description ou la description et le livret.
 
https://player.vimeo.com/video/90834182?byline=0&portrait=0
Audiodescription à l’opéra avec Acces Culture from ARTEI on Vimeo.
 

  • Les adaptations Langue des Signes Française (LSF)

Les adaptations LSF sont destinées aux publics sourds, locuteurs de la langue des signes française. Un comédien LSF sera sur scène et adaptera la pièce. Il y a donc un travail en amont sur le texte, sur la mise en scène, les jeux de mots, sur les temps de narration ou pas.
https://www.youtube.com/embed/5PlV9zNq4XA

  • Les surtitrages adaptés

Pour le surtitrage adapté c’est le même surtitrage que pour des spectacles en langues étrangères, sauf qu’il est adapté aux personnes sourdes et malentendantes. C’est-à-dire que tu vas avoir toutes les indications de voix off, de bruitage, tu vas avoir le nom des personnes qui parlent aussi.
 
https://www.youtube.com/embed/9GLd8I3DDfk

  • Accès culture offre un réel accompagnement 
acces-culture-spectacles

Donc en résumé, Accès culture est vraiment là pour accompagner les structures dans leur politique d’accessibilité, on ne vient pas seulement mettre en place le dispositif. On aide les structures à identifier les publics, à communiquer auprès d’eux et à organiser les actions de médiations autour des spectacles.
Au début de chaque spectacle, tu as aussi un programme salle qui est adapté pour les personnes aveugles et malvoyantes, que Joanna fait en braille ou en caractère agrandi. Ecrit en partie par le descripteur, c’est la description du programme comme pour les autres spectateurs dans la salle, mais on y trouve aussi des indications sur les décors, les costumes pour poser un peu les choses. Il est conseillé aux spectateurs de venir en avance pour soit lire ce programme, soit pour l’écouter avant la pièce.
Aujourd’hui 60 à 70% des structures organisent des visites tactiles de plateaux. Elles donnent donc la possibilité d’organiser avant ou après une représentation, des visites qui permettent aux personnes aveugles ou malvoyantes de toucher les décors, d’aller sur le plateau et donc de se rendre encore plus compte des espaces. Elles peuvent échanger avec les équipes artistiques, les comédiens ou les personnes chargées des relations publiques des théâtres sur la façon dont est construit la pièce ainsi que les décors.
https://www.youtube.com/embed/KHb7vuKwrXU

Combien de personnes bénéficient de ces spectacles en moyenne ?

P : En 2014, entre 10 et 30 personnes assistaient à chaque représentation. Là, je te parle des personnes aveugles et malvoyantes, mais il faut aussi compter les personnes qui les accompagnent, donc on peut arriver à 20 voir 60 personnes par spectacle.

En 2014, combien de spectacles ont été adaptés ?

P : On fait environ 160 audiodescriptions, une trentaine de surtitrage adapté pour les personnes sourdes et malentendantes, et nous réalisons aussi une quarantaine à une cinquantaine d’adaptations en langue des signes françaises (LSF).

Combien de spectateurs en ont bénéficié ?

P : En 2014, il y avait 2300 personnes aveugles et malvoyantes qui ont assisté à des spectacles d’audiodescription, 800 personnes sourdes pour les adaptations LSF et 310 pour le surtitrage adapté.
On fait beaucoup plus d’audio que d’adaptation LSF. Mais le public est au rendez-vous et ils ont vraiment envie qu’il y ait des initiatives de ce genre. On reçoit beaucoup de courriers ou de retours de spectateurs très positifs qui nous disent « Oh, j’ai passé un super moment, j’ai pu comprendre la pièce ! » et là récemment j’étais super touchée, par un couple qui est venu avec leurs enfants. Les deux enfants sont voyants, ils ont entre 8 et 4 ans, et les parents sont tous deux aveugles et malvoyants. La mère me disait « Je ne connaissais pas du tout, c’est la première fois que l’on peut profiter d’un spectacle ensemble, sans que mes enfants soient obligés de m’expliquer le spectacle ».

Quelles sont les prochaines dates à ne pas manquer si l’on souhaite assister à une représentation adaptée ?

P : Il y a des spectacles un peu partout et un peu tout le temps, je pourrais te citer :

  • La nouvelle création d’Eric Ruf à la comédie Française, Roméo et Juliette que l’on peut avoir avec audiodescription,
  • Au Théâtre National de Chaillot, un spectacle jeune public « Je ne veux plus », dont le metteur en scène Olivier Letellier, avec qui on travaille beaucoup et qui a adapté beaucoup de ses spectacles.
  • On travaille aussi avec des écoles, donc l’INJA (Institut National des Jeunes Aveugles). Des enfants viennent sur les audiodescriptions. Un réel travail pédagogique est réalisé autour des spectacles. On va aussi réaliser un autre spectacle LSF pour des enfants sourds et malentendants. Le travail avec les jeunes publics est aussi important pour nous.
  • Des visites tactiles vont être organisées au Théâtre Gérard Philippe début février.
  • Et même en dehors des représentations, on organise des visites des lieux pour que le public puisse comprendre l’histoire des lieux, les différents métiers.

Vous recherchez un spectacle accessible ? C’est ici.

Vous utilisez Movinmotion depuis peu, quel bilan tirez-vous de l’utilisation de Movinmotion jusqu’à présent ?

Joana : Un gain de temps énorme puisque ça centralise les déclarations d’embauche, les contrats, etc. Ça me permet de tout faire en quelques clics. La centralisation des informations sur les salariés et le fait qu’ils puissent remplir eux-mêmes leurs infos directement sur le site est vraiment très pratique et plus simple. La transmission de l’information est simplifiée.
Après on vient tout juste de commencer, donc on n’a peut-être pas encore assez de recul, mais certains de nos employés utilisaient déjà la plateforme via d’autres employeurs et ils étaient satisfaits donc ça nous a encouragé à utiliser Movinmotion.
Très franchement, je pensais que des choses n’étaient pas possibles et en quelques clics Jean a pu activer l’option demandée.
Après je trouve qu’au niveau du support, c’est très rapide, on envoie un mail, Jean ou Fadila répondent très vite. Dans la relation client, c’est très important de garder cette réactivité, parce que quand on est une startup on grandit, et parfois on ne grandit pas le service client qui va avec et ça c’est vraiment votre point fort !

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Pour tout renseignement supplémentaire, contactez Priscillia : [email protected]

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